Politique et stratégie, une analyse de Conrad Gabin
Il faut avant tout reconnaître que depuis plus de deux décennies, il y a eu au Bénin un homme légendaire qui anime avec une main invisible la machine politique.
Son nom est aujourd'hui sous la lumière des medias : Mr Patrice Talon, devenu le président de la république du Bénin depuis avril 2016.
Son influence sur le régime précédent a été trop forte, moment pendant lequel il réussit à arracher des marchés très juteux en plus du coton dont il avait déjà le monopole. Il aurait même joué un rôle dans le K.O de 2011 et tout ceci avait renforce sa mainmise sur la machine politique.
Cette réalité à été bien mise à nu dans les troubles avec le régime défunt de Yayi Boni. Il y avait eu plusieurs révélations liées à sa ruse et son enrichissement vertigineux.
Des détracteurs se sont introduits pour faire des révélations qui ne seront pas faciles à prouver. Mais celle qui retient l'attention de plusieurs béninois et observateurs étrangers, est ladite tentative d'assassinat de son prédécesseur.
Parti en exile en 2012, il avait toujours ses pions dans le jeu politique jusqu'au jour où son destin décida de lui ouvrir le ciel de la présidence.
Plusieurs acteurs politiques ont donc émergé sous sa bénédiction.
Cette crise peut être interprétée comme une revanche contre les " ingrats". Ceux qu'il avait produits, nourris politiquement et ceux qu'il avait aidés à bâtir des bases solides en politique.
Lorsqu'on parle de bases solides et autres, il est évidemment question de financement et de facilitations ou d'arrangements de grands marchés à l'endroit de ses amis et partenaires économiques.
Dès son retour au pays après sa traversée du désert avec Yayi, il obtint sans grande difficulté le fauteuil qui lui revenait par destin.
Son souhait au départ était de paraître et disparaître sans aucune fumée dans le ciel du Bénin.
Pour se mettre à l'abris de tout soupçon après un unique mandat, il a bien voulu construire une muraille d'immunités pour ne jamais sentir dans ses sommeils une quelconque poursuite liée à des dossiers dont son nom serait entaché...
Les adversaires politiques qui n'étaient rien que des partenaires du jeu politique se sont constitués en réseaux contre sa position et son plan et finissent par transformer et durcir son coeur au point qu'il devint subitement intransigeant et même bizarre sur certaines prises de décision pour malmener ses adversaires (amis d'hier devenus adversaires ou ennemis).
Dans sa rage et sa ruse, il emporta plusieurs membres de la minorité parlementaire et quelques acteurs politiques satellites qui leur sont fidèles en dehors de l'hémicycle.
Naturellement pour quelqu'un qui dispose de tous ces atouts en plus du pouvoir d'État, on ne peut attendre mieux de lieu quand ce dernier se sent trahi, humilié par ses amis ou partenaires.
Se sentant agressé par les déclarations de ces adversaires politiques, il décida de riposter par sa force de frappe devenue plus grande qu'hier car en plus de ses expériences, ses moyens, il possède aujourd'hui le pouvoir d'état et réussit à mettre sous son contrôle toutes les institutions.
Sans état d'âme, il passa à la dernière vitesse qui se traduisit par des arrestations, des pressions sur certains adversaires et l'introduction d'un code électoral extraordinaire mais aussi extravagant.
Le code électoral voté à l'assemblée lui donnait une large marge d'avantages.
Bien avant la promulgation du code électoral, il réussit à sécuriser la cour constitutionnelle en sa faveur avec un de ses hommes de confiance.
Comme si l'opposition n'existait que pour faire des déclarations de dénonciation stériles, tous ces plans eurent lieu sans grandes réactions et en plein jour.
L'opposition s'était tue comme d'habitude les répliques se font aux élections traditionnelles pour sanctionner les dérives.
Comme plusieurs béninois, l'opposition attendait les élections législatives pour prendre une bonne revanche, malheureusement leur rêve n'aura pas lieu. Comme si le loup serait facile à abattre, les hommes politiques de la minorité parlementaire continuaient dans leur rêve en pensant que le peuple pourrait se lever de lui-même…
Multipliant bec et ongles, le régime du président Talon a créé aussi une grande pression populaire en éloignant l'opposition des législatives du 28 avril; une situation que l'opposition attendait depuis longtemps.
En effet la supposée tentative d'arrestation de son prédécesseur immédiat Yayi Boni était la goutte d’eau qui a débordé le vase. Ce soulèvement provoqué rendit les enjeux plus compliqués; ces troubles ont occasionné des pertes en vies humaines dues à la bavure policière dont il devrait assumer l'entière responsabilité.
Il est actuellement difficile d'envisager un règlement facile de cette crise sans compromis ou consensus.
Nous pensons que la mouvance doit retrouver sa sérénité pour une résolution définitive, pacifique et durable de cette crise.
Mais au fait elle à encore beaucoup de plombs dans les ailes pour avoir organisé les législatives sans l'opposition; elle doit maintenant régler deux conflits d'intérêts.
Les 83 députés élus dans une condition peu crédible ne seront pas faciles à renvoyer à la maison et l'opposition ne dormira pas sans avoir gain de cause.