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Pokoua parle de la misère qui sévit à Krikri
Je n'écris pas, je crie et pleure parce que je sens le fond des peines causées par ces drames innombrables que subissent les populations. Je vois très mal ce degré d'injustice justifiée par les forts contre les faibles et surtout les démunis.
Ils mangent, mentent, bavardent, jubilent, s'accaparent de tout, partagent tout entre eux et sortent leur évangile pour prêcher aux pauvres l'espérance dans la souffrance. Ils trouvent toujours que la misère est plus mondiale que locale. Alors ils réussissent bien leurs homélies sous l'impuissance des pauvres populations qui les regardent et certains qui les applaudissent en plus.
Moi Pokoua, je me sens très mal en face de ces drames, ces sortes de complots contre nous. Je mets juste la lumière sur ces malaises qui rendent dérangeantes et dégoûtantes les cohabitations, les rencontres entre les hommes de la même société partageant les mêmes valeurs et les ressources naturellement acquises.
On s'emploie à mentir pour mêler et mener les ignorants, ceux qui croient sans voir et acceptent sans comprendre les contrats de vie qu'on leur impose. Ici à Gnindié et dans toutes les régions de ces pays des Quoi-quoi-quoi on casse, on colle le faux et le vrai ensemble, tout est sens dessus dessous.
Les enfants n'ont plus les repères nécessaires pour se situer. L'éducation est banalisée, dégradée, capotée et réduite à un état flou et puant. On vit sans vivre réellement comme si certains sont des co-créateurs du monde et les autres ne sont que des moins que rien.
En poussant ses réflexions plus loin, Pokoua se rendit compte qu'elle finira par exagérer car parfois les pauvres créent eux-mêmes des terrains humides aux forts pour les exploiter et les asservir. Alors elle comprit vite que les faibles aussi ont un grand atout : la solidarité, la collaboration, le soutien mutuel et surtout l'éducation des enfants pour un meilleur avenir.
Pokoua avait toujours son gari dans l'assiette au fond de l'eau qu'elle avait ajoutée avant de commencer par écrire. Il apprêta l'arachide grillée et ajouta quelques morceaux de sucre St Louis. Pour lui, le gari est un don de Dieu dans ces milieux où la misère fait rage. Plusieurs personnes dépendent de cet aliment de fortune.
Avant de retourner dans son lit, Pokoua appuya sur la touche de son petit poste radio du chevet. Le Conseil des Ministres était prévu ce jour. Elle était pressée d'apprendre de bonnes nouvelles mais comme d'habitude c'était du moins que rien. Elle alla donc dans son lit s'allonger après sa courte prière de nuit.
Gabin Conrad AFANGNIDE
" La Vie à Gnindié "